L’hiver, c’est loooong. Au printemps, j’ai des allergies. L’été, c’est chaaaud. L’automne, c’est triiiste…

A chaque saison, on trouve de nouvelles raisons de trouver le temps trop long. Et pourtant, lorsque celles-ci sont bousculées par le réchauffement climatique par exemple, on panique. Au secours, il n’y a plus de saisons !! Pourquoi ? Eh bien parce que le rythme des saisons est une démonstration de la bonne santé du monde naturel. Et que ce rythme influence énormément notre propre rythme à nous. Avez-vous habité ou voyagé dans des pays où il n’y a pas ou presque de saisons ? L’effet ressenti est… bizarre. Toute l’année la même température à quelques degrés près, le même climat, la même végétation. Cela semble parfait, surtout s’il y fait beau et chaud. Puis au bout d’un certain temps… bizarre. Il nous manque quelque chose, comme une horloge déréglée. Nous sommes à fond pour les saisons !

Pour mieux les vivre et les accepter, il faut apprendre à les comprendre, à respecter les changements de saison, à retrouver cette sagesse immémoriale attachée au rythme naturel du temps. A trouver dans chacune des bienfaits et des avantages qui nous parlent. Des plus matériels (youpi c’est l’hiver, je vais pouvoir traîner en pyjama douillet, boire des chocolats chauds et sortir mon beau manteau en laine / youpi, c’est l’été, je vais pouvoir vivre deux mois pieds nus en maillot de bain), aux plus spirituels (ah, le printemps, l’éclosion des bourgeons, les odeurs fleuries, les petits oiseaux qui chantonnent / oh, l’automne, ces feuilles dorées qui virevoltent, la nature qui se prépare au sommeil…).

Et lorsqu’arrive enfin votre saison préférée : profitez à fond de tous ses meilleurs côtés !

Le ciel gris vous écrase et la pluie persistante vous flanque migraines et douleurs articulaires ? Un rayon de soleil vous rend instantanément votre énergie et votre bonne humeur ? Vous êtes peut-être météo-sensible. Cela signifie que votre corps et votre mental sont fortement impactés par les variations météorologiques. Il ne s’agit pas d’une science exacte mais en tant qu’êtres vivants, il ne semble guère étonnant que nous soyons directement affectés par notre environnement. D’autant plus que les conditions de chaleur ou d’humidité, par exemple, possèdent des impacts directs sur le bien-être ressenti, et donc sur notre moral et l’état de notre corps.

Que dire alors des saisons ? Même logique ! Car celles-ci fonctionnent un peu comme des méga phénomènes météo, avec leur lot de paramètres climatiques, de luminosité, d’humidité, de température, de nuits parfois très longues et de jours très courts, ou vice-versa. Lors d’un changement de saison, on peut ressentir fatigue, perte de cheveux, maux de tête… Votre saison-sensibilité peut aussi découler d’une condition physique (vous êtes très sensible au froid, avec une mauvaise circulation, donc vous détestez l’hiver et vous vous couvrez de sous-couches tech et de pulls en laine confortables), de goûts personnels (ce qui vous rend vraiment heureuse, c’est de ramasser des champignons. Alors à part l’automne, rien n’est vraiment intéressant…), etc etc.

Chacune étant différente, certaines vont se reconnaître tout de suite dans cette sensibilité tandis que d’autres vont faire la moue et passer à un autre sujet. Il ne faut pas exagérer tout de même… Il y a pourtant un paramètre indéniable qui met tout le monde d’accord, experts médicaux y compris : c’est notre exposition à la lumière du jour. De celle-ci dépend la capacité de notre cerveau à s’adapter aux changements de saison, et de cette adaptation dépend en partie la production de la sérotonine, l’hormone du bonheur. Or à l’inverse, de l’absence de celle-ci peut naître une déprime bien réelle : la dépression saisonnière. Les saisons interviennent donc directement sur notre horloge biologique.

On dira ce que l’on voudra sur l’évolution de notre espèce, nous restons proches des poules : quand le soleil disparaît, notre corps se met en veille !

Les civilisations humaines ont toujours célébré les changements de saison. Ce qui se perd dans notre société contemporaine persiste dans diverses régions du monde. Car le passage des saisons correspond au rythme naturel des planètes et de la vie sur terre. Selon les cultures et les époques, depuis l’ère ancestrale des druides, des Mayas, des chamans et autres sages, on fête ainsi traditionnellement les solstices (d’hiver et d’été) et les équinoxes (de printemps et d’automne). Attention, ce n’est pas la même chose si l’on vit dans l’hémisphère nord ou sud, et plus ou moins proche de l’équateur. Les saisons ne sont pas les mêmes et ne sont pas toujours 4 ! L’ensemble des cultures traditionnelles perpétue également des rituels pour aider notre corps à s’adapter à la nouvelle saison qui arrive. En voici quelques exemples adaptés à l’arrivée prochaine du printemps (ouiiiiiiiiii !).

La détox ou cure de printemps pour lutter contre la fatigue et purifier le corps
Sève de bouleau, décoctions de fruits et de légumes de saison, cures d’aliments purifiants pour le foie (artichauts, radis noirs, pissenlit…)
Où ? Partout dans le monde
Quand ? Juste avant et au début du printemps

En février : le setsubun
Il désigne la veille d’un changement de saison, en particulier celui vers le printemps, début février. Les Japonais jettent alors des haricots chez eux pour chasser les mauvaises influences et répètent “Oni wa soto, fuku wa uchi” (Les démons, dehors ! Le bonheur, dedans !).
Où ? Au Japon
Quand ? Le 3 ou 4 février

A savoir : En effet, le commencement naturel du printemps (montée de sève et premiers bourgeons) débute début février et non pas fin mars comme l’indique le calendrier solaire.

Norouz : le nouvel an perse célèbre le printemps
Leur nouvelle année est calée sur le calendrier solaire et l’arrivée du printemps (l’équinoxe de printemps). Elle est célébrée depuis des milliers d’années et fête la renaissance, le retour de la lumière. On danse, on mange des plats traditionnels, on nettoie sa maison (oui, un peu comme notre ménage de printemps à nous !)...
Où ? En Iran, mais aussi dans toute l’Asie centrale, en Afghanistan, en Turquie, Azerbaïdjan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizstan, Inde, Pakistan…
Quand ? Entre le 19 et le 22 mars selon les années.

Il y a les fruits et les légumes de saison, et il y a la culture des saisons. Vous voulez mieux nourrir votre corps mais aussi votre esprit ? Cultivez les deux, ce sera toujours la bonne saison pour le faire !

Des saisons qui se lisent
Certains auteurs sont clairement adeptes du sujet… Culturellement, les Japonais sont ainsi extrêmement sensibles au passage des saisons.
Nous avons un bel exemple national aussi !
- Jean Giono et l’ensemble de ses romans : Le chant du monde, Que ma joie demeure, Colline…
- La péninsule au 24 saisons, de Inaba Mayumi
- Nagori, la nostalgie de la saison qui s’en va, de Ryoko Sekiguchi
- La papeterie Tsubaki, de Ogawa Ito
- Pays de neige, de Yasunari Kawabata

Des saisons qui se regardent
- Les saisons, un documentaire de Jacques Perrin, Jacques Cluzaud,
Alexandre Poulichot
- Printemps, été, automne, hiver... et printemps, un film du réalisateur
coréen Kim Ki-duk

Des saisons qui s'écoutent
- Les Quatre Saisons de Vivaldi (musique classique)
- Les quatre saisons, un podcast de Radio France
- Trouvez un endroit bien à vous dans la nature, et allez-y à chaque
nouvelle saison écouter les bruits

Des saisons en citations
“A Noël je n’ai pas plus envie de rose que je ne voudrais de neige au printemps. J’aime chaque saison pour ce qu’elle m’apporte.” William Shakespeare

“Vieilles amours et vieux tisons s’allument en toutes saisons.” Proverbe français

“Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière, les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme.” Jean-Jacques Rousseau