Scoop : le corps de la femme n’est pas neutre, et encore moins dehors.

Cela peut vous paraître étrange au premier abord de réaliser que votre corps, dehors, représente un sujet de société. Eh bien il l’est. Pourquoi ? Parce que l’accueil, la présence et le regard sur le corps féminin dans l’espace public ne sont ni simples ni évidents. Loin de là même, bien que les mœurs et les lois évoluent.

Le plus souvent, une femme qui sort dehors anticipe ce qu’elle doit ou peut porter, comment, pourquoi, avec qui… En fonction de l’heure, du lieu, des personnes présentes, du contexte, une femme est amenée à s’interroger sur son apparence et son rapport au corps pour éviter d’être trop regardée, trop embêtée, trop critiquée. Ce n’est pas un hasard si les femmes s’invitaient traditionnellement (et s’invitent toujours !) chez elles, dans leur intimité et à l’abri des regards, pour s’offrir de vrais instants de partage et de liberté.
Une liberté que l’on aimerait bien savourer dehors aussi !

Rendons-nous compte : il y a quelques décennies encore seulement, la longueur des manches, des jupes ou des maillots de bain féminins était encadrée par des lois et vérifiées par des hommes, la fameuse police des mœurs. Ah, si seulement on mettait autant de zèle à s’occuper des violences familiales,
pour ne citer qu’un exemple…

Alors mesdames, en ce mois marqué par la journée internationale des droits des femmes (le 8 mars dernier) : si nous pensions à
prendre soin de notre corps dehors ?

Le corps des femmes, comparé à celui des hommes, subit des restrictions de mouvement et de sécurité dans l’espace public. Chaque année, des études réalisées par l’Ifop, le gouvernement, des chercheurs et journalistes le soulignent : l’espace public n’est pas hyper, hyper confortable pour les femmes. Il existe une véritable différence de traitement. Notre corps est sexualisé et donc bien trop susceptible d’être pris comme objet de désir (non consenti) ou de réglementation (non consentie non plus). Que l’on parle des seins, des jambes ou du corps tout entier.

2 “fun” facts à connaître
- Ville de New York, USA : topless autorisé
Depuis 1992, la jurisprudence locale autorise les femmes à sortir seins nus (vous avez bien lu), dans tous les endroits où les hommes y sont eux aussi autorisés. Au parc, par exemple. Rarement respectée, cette réglementation a été rappelée aux autorités et à la police ces dernières années.

- France, établissements scolaires : les tenues “décentes”
En 2020, la polémique enfle sur ce qui est considéré comme une tenue décente à l’école. Faute de règles précises, ce sont surtout les vêtements féminins (jupes, crop tops, décolletés) qui sont bannis. Le sujet divise toute la France et des femmes elles-mêmes se retrouvent défenseuses des tenues couvrantes. La raison principale ? Éviter à leurs enfants des agressions … suscitées par des vêtements trop affriolants. Vous voyez le problème dans le raisonnement ?

Et des stat’
- 91 % des victimes de harcèlement de rue sont des femmes
(chiffres du ministère de l’Intérieur)
- Près de 6 femmes sur 10 changent de trottoir lorsqu’elles aperçoivent
quelqu’un au loin*
- Plus de 6 femmes sur 10 ont été sifflées dans la rue et
1 sur 2 agressée verbalement*
- 76 % des Françaises se sentent en insécurité dans un parking, 73 % dans une rue déserte et 52 % dans les transports en commun*
*résultats d’une étude réalisée en 2022 auprès d’un millier de femmes

Et qu’on ne vienne pas nous dire que tout cela est la conséquence de notre comportement ou de nos vêtements !

Youpi, un peu d’optimisme et de créativité sur le sujet !

La mode a toujours été un catalyseur de nouveautés et de changements sociétaux, en particulier en ce qui concerne les femmes. Mais si : le bikini, la mini-jupe, le costard pour mesdames… Vous avez repéré l’une des dernières tendances en date ? Le dedans-dehors, le floutage des frontières entre ce qui se porte à l’intérieur et à l’extérieur. Une mouvance qui n’est pas non plus étrangère à l’héritage Covid et à un mélange général des genres entre ce qui se fait à la maison ou non. Même le (télé)travail se retrouve ainsi pile dans la tendance !

Quoi par exemple ?
Le pyjama d’extérieur (qui peut être le même que votre pyjama d’intérieur), la chaussure-pantoufle (encore mieux lorsqu’il s’agit d’une VRAIE pantoufle), les sous-vêtements apparents… Ce n’est pas à nous qu’il faut l’apprendre : un beau soutien-gorge visible juste ce qu’il faut (ça peut être une bretelle, ça peut être toute la dentelle) apporte un sacré twist à un look.

A ce propos, excusez-nous d’insister mais dans le célèbre conte de Cendrillon, on parle bien d’une pantoufle. Or cette pantoufle a été portée pour un bal, c’est-à-dire pour une grosse soirée bien en vue. Donc avant d’être pour dedans, la pantoufle était apparemment pour dehors. De dehors à dedans et de dedans à dehors : ce qui est bien avec la mode et avec les vêtements,
c’est qu’on s’amuse avec.

A savoir, pour briller en société (et dans votre pyjama de soirée)
Verre ou vair ? Le conte de Cendrillon existe sous différentes versions et le débat fait rage (en tout cas pour une dizaine de personnes à travers le monde), afin de savoir de quoi était faite la pantoufle originelle. De vair (une fourrure d’écureuil très utilisée à l’époque) ou de verre ? Brrr on a mal aux pieds rien que d’y penser !

Un petit test pour évaluer votre confiance en vous… et dans les autres, dehors !

1. Vous vous préparez pour une soirée qui risque de finir tard.
A - Vous mettez le paquet sur le sexy sans penser au reste,
ça vous plaît et rien ne vous arrête.
B - Vous choisissez des vêtements qui vous mettent en valeur mais prévoyez un manteau couvrant pour les trajets dehors.
C - Vous faites le choix d’une tenue jolie, certes, mais pas trop susceptible
d’attirer les regards.

2. Vous passez devant un groupe d’hommes. Certains sifflent, un autre lance une blague très subtile sur votre charme ou votre disponibilité.
A - Vous ne les remarquez même pas, ils ne méritent pas votre attention et de toute façon, vous écoutez de la musique à fond.
B - Vous les foudroyez du regard, voire répliquez qu’ils aillent se défouler ailleurs.
C - Vous rougissez, rentrez les épaules et leur lancez un petit sourire pour ne pas les énerver, tout en passant rapidement votre chemin.

3. Vous avez une fille, petite-fille, nièce, cousine ou soeur aujourd’hui ado ou toute jeune femme.
A - Vous l’inscrivez à un cours de karaté et lui dites de ne jamais se laisser intimider.
B - Vous lui donnez des conseils sur la féminité, le rapport aux autres, la sécurité.
C - Vous vous inquiétez pour elle sans lui dire.

4. L’endroit où vous vous sentiriez le plus mal à l’aise, ce serait…
A - Dans un parking public souterrain, seule la nuit.
B - Dans un café fréquenté uniquement par des hommes.
C - Au bord d’une piscine en maillot de bain, avec une bande d’amis.

5. Votre souvenir d’un vêtement porté qui vous a semblé très osé sur le moment.
A - Un crop top ou un haut vraiment transparent.
B - Un haut sans soutien-gorge dessous.
C - Un mini-short ou une mini-jupe.

6. Une attitude ou un geste que nous n’oseriez jamais faire dehors.
A - Se les interdire sous prétexte qu’ils ne sont pas faits pour les femmes !
B - Allaiter, vous balader non épilée.
C - Vous asseoir jambes ouvertes, comme ce monsieur en face de vous
adepte du manspreading.*
*Comportement masculin très apprécié dans les transports publics, consistant à écarter largement les jambes, voire à laisser sa main reposer confortablement sur son entrejambe et empêcher son ou sa voisine de bien s’asseoir, sans s’en préoccuper.

Réponses
Vous avez un maximum de…

A/ Mon corps dehors = affirmé
La société évolue trop lentement à votre goût et vous avez décidé de vous passer de ses lourdeurs. Qu’être une femme n’était pas synonyme de restriction. Une position qui nécessite du courage, parfois aussi de la prudence car elle ne fait pas systématiquement l’unanimité. Tant pis pour eux, l’important, c’est d’être fidèle à vous-même !

B/ Mon corps dehors = raisonné
Vous oscillez entre confiance et réalisme. Vous connaissez vos limites et celles des autres et comptez vous faire plaisir sans faire de vagues ou vexer qui que ce soit. La cause des femmes vous importe mais ce que vous appréciez vraiment, c’est de vous sentir à l’aise, à la place que vous avez choisie. Avec vous-même comme avec la société.

C/ Mon corps dehors = discret
Pour vivre heureuse, je vis avec discrétion. C’est un peu votre philosophie face au monde extérieur. Un comportement parfois mûrement choisi (en raison de vos goûts, de votre personnalité, de votre éducation…), et parfois, au contraire, hérité d’une expérience traumatique ou d’un contexte difficile. Si c’est le second cas pour vous, c’est aussi pour ça qu’’on a envie de faire progresser le sujet !